Mort de Salifou Nébié, les prémices d’un sanglant bras de fer
Il a été retrouvé mort à Saponé, quelques encablures de Ouagadougou. C’est un assassinat. Les magistrats ne peuvent pas le dire pour le moment. J’en fais une analyse et au regard d’un certain nombre de facteurs, je puis quand même m’assumer en portant mon analyse.
Salifou Nébié a quitté ses amis à 19 heures précises, le samedi 24 mai passé. Il se rendait chez lui à la maison. A 20h et demi, il est retrouvé le crâne fracassé à Saponé avec des traces de torture (les orteils cassés). A 23 h, ses amis sont alertés. Et ç’en était déjà fini pour le juge du conseil constitutionnel. Ce juge, il faut le dire, de ce qu’on sait, était réputé avoir des prises de position qui tranchait avec la majorité. Nommé par le chef de l’Etat au conseil constitutionnel il avait un minimum d’indépendance.
Un exemple : c’est le dernier jugement des étudiants le 13 août 2013 au Tribunal de grande instance de Ouagadougou et le débat sur la compétence du tribunal à les juger. La défense avait démontré l’inconstitutionnalité de la loi d’avril 2008 appelée «la loi contre le vandalisme», dont l’article 5, dit clairement que «toute personne prise dans une manifestation publique est coupable des actes de vandalisme en ces lieux, même si l’on n’arrive pas à établir clairement sa responsabilité directe et personnelle». Ce débat c’était transporté au Conseil constitutionnel. Là, la décision était que le tribunal avait compétence à juger les étudiants. Mais Salifou Nébié avait expliqué à des journalistes que cette décision était politique et non juridique. Cela montre jusqu’à quel niveau de responsabilité et d’indépendance il se situait.
Maintenant qu’il est mort dans des conditions non encore élucidés, on peut se demander pourquoi il l’a été?
Y a-t-il un règlement de compte? Ou veut-on parer à toute éventualité dans les rangs de la majorité au regard de la situation nationale tendue avec les envies d’un pouvoir à vie de Blaise et ses camarades? Ce qui est sûr ici, c’est que cette mort n’est pas rien et n’est pas pour rien.
J’ai personnellement dit une fois sur une tribune que les escadrons de la mort allaient (ré) surgir de plus belle. Sont-ils déjà là ces escadrons? On m’avait annoncé qu’une liste de sept 07 personnes à abattre, à taire définitivement circulaient. En faisait-il parti? Un mort, beaucoup d’énigmes à résoudre.
Si c’est un assassinat politique, il serait difficile de prouver le contraire, alors il faut craindre pour les jours à venir. Il faut craindre pour les démocrates sincères et les hommes de conviction de ce pays qui devront sortir du bois pour contrer les velléités d’un pouvoir à vie et faire barrage aux démagogues de mon peuple. C’est clair! Les responsables des partis politiques sont apeurés. Simon Compaoré, ancien maire de Ouagadougou et dissident du CDP, vient de le dire : « si nous ne mobilisons pas le 31 mai (meeting de l’opposition), nous sommes morts ». Les propos du député Salam Dermé (responsable à la jeunesse du CDP) aussi ne laissent aucun doute sur ce qui se trame du coté des tenants du pouvoir. Il faut dire que le bras de fer entre tenant du pouvoir et opposants (même de la dernière heure) se prépare à s’ensanglanter. Salifou Nébié en est-il les prémices?
Commentaires